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La fiscalité figure parmi les priorités actuelles de l’Afrique. Sur le plan international, des groupes de défense ainsi que le G8 revendiquent une action plus soutenue pour lutter contre les multinationales coupables d’évasion ou de fraude fiscales. Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, une campagne similaire – sinon plus urgente – est menée dans le but d’améliorer la capacité de l’État de percevoir ses revenus fiscaux.
Au Burundi, les perspectives d’une amélioration dans l’administration des impôts n’auraient pu être de plus mauvais augure. En 2009, après la fin d’une guerre civile qui avait coûté la vie à plus de 200 000 personnes, le Burundi avait le PIB par habitant le plus faible du monde: soit 150 $US. 80% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1 dollar par jour. L’Indice de la Corruption de Transparency International pour l’Afrique de l’Est classait le Burundi en tête des pays les plus corrompus de la région. Et son administration fiscale a été désignée comme étant l’institution la plus corrompue.
Malgré ce contexte manifestement peu prometteur, le gouvernement a mis en place des dispositifs visant à améliorer la gestion financière, dont, notamment, la création d’une nouvelle administration fiscale semi-autonome, l’Office Burundais des Recettes (OBR). En 2012, les recettes se révélaient 75% supérieures à celles de 2009, représentant une hausse en valeur réelle de 25%. Ainsi, la contribution des impôts au PIB a augmenté, passant de 13.8% en 2009 à 16.7% en 2012.
Dans ce Policy Voice, les hauts responsables de l’OBR donnent une description détaillée de la réforme de la perception et l’administration fiscales dans l’une des nations les plus pauvres d’Afrique. Dans leur récit, ils soulignent les mesures prises pour réduire la corruption, améliorer les services, mettre en oeuvre des réformes législatives, et pour élargir l’assiette fiscale. Les auteurs s’expriment avec franchise sur les difficultés auxquelles l’OBR doit faire face. En guise d’exemples, le taux d’exonération fiscale reste trop élevé, et les coûts nécessaires afin de taxer la majeure partie de l’économie informelle dépassent les revenus financiers que cela apporterait. La création d’une autorité fiscale efficace dépend d’un contexte législatif, économique, et politique favorable.
La réforme fiscale ne se limite pas à la perception de revenus pour le gouvernement central. La santé du trésor public au Burundi dépendra assurément d’une hausse des recettes. Cependant, la construction d’une démocratie viable au Burundi dépendra, à son tour, d’un déploiement judicieux des fonds publics ainsi obtenus.