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Ceci est une traduction du résumé analytique du papier, traitant le budget participatif au Cameroun, The Booklovers, the Mayors and the Citizens : participatory budgeting in Yaoundé, Cameroon, publié dans sa langue originale (l’anglais) par Africa Research Institute en Mai 2014. Une traduction intégrale du papier est en cours de production, et sera publié ici sur notre site au deuxième semestre 2014.
Cette note examine comment citoyens, élus locaux et une association des amoureux du livre ont travaillé ensemble pour établir le budget participatif à Yaoundé, malgré l’Etat faible de la démocratie et l’absence de traditions participatives ou de services publics au Cameroun.
Le budget participatif (BP) engage les autorités locales et les habitants d’une municipalité coopérant pour décider sur l’allocation des fonds publics. Ces projets peuvent faire l’objet de construction de puits, bornes d’eau, travaux d’assainissement et d’égouts, illumination routière, travaux de pavage et de rue, ou de logement.
Au Cameroun le BP a été mené par une multiplication d’organisations de la société civile qui ont accompagné la réforme, lente et précaire, de la décentralisation. Cependant le gouvernement central garde toujours une main mise forte sur les leviers de pouvoir les plus puissants, de sorte que le processus de décentralisation a octroyé plus de responsabilités aux autorités locales, sans pour autant leur munir de ressources proportionnées pour accompagner le processus.
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A titre d’exemple, Yaoundé V – un des arrondissements de la capitale camerounaise – a un budget de €2.50 par habitant. Dans un tel contexte, le BP propose l’opportunité d’augmenter l’impact de fonds très limitées en adaptant la politique aux besoins locaux les plus pressants.
Un principe important est que le BP exige aux communautés locales de contribuer eux-mêmes, d’une façon ou l’autre, que ce soit en argent, en main d’œuvre, matériel ou terrain. L’avantage étant de faire durer les ressources plus longtemps et s’assurant que les habitants s’approprient toute nouvelle installation dans la ville comme la leur. Si l’engagement diminue, si la confiance affaibli, si la communication s’effond ou si les attentes sont trop élevées, les résidents risquent de désavouer le processus. En revanche, un engagement plus prononcé renforce le rendement des comptes ainsi que le soutien aux projets.
La réussite du processus de BP dépend en grande partie des personnalités impliquées. D’où le rôle prépondérant du maire local. Or, si le maire est découragé, à un moment donné, par le besoin de réciprocité et de transparence, il peut tout simplement choisir d’abandonner le processus à mi-chemin. Les maires peuvent également compromettre le BP en se livrant aux actes de favoritisme, poussant les habitants à rejeter le processus comme « de la vielle politique embellie ».
Les maires à part, on ne doit pas tenir pour acquis la participation des habitants. Un manque de temps et de ressources, surtout parmi les plus démunis, présente un obstacle sérieux pour surpasser la méfiance vis-à-vis le BP. Pour autant, le taux de participation peut atteindre des niveaux impressionnants si l’on accorde assez de temps et d’efforts. Par exemple, à Yaoundé II, pas plus de 351 résidents ont pris part dans le premier cycle de BP en 2009, tandis que 11,000 y ont participés en 2011. Cette hausse rapide a été le fruit porté par la coopération tripartite entre maire, habitants et organisations de la société civile qui ont travaillé ensemble pour renforcer la confiance entre eux, et qui ont mené que des campagnes de sensibilisation dans tous les quartiers.
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Bien que le processus de BP n’est ni une solution magique pour le développement ni une panacée universelle, il peut livrer des travaux publics fort nécessaires dans des quartiers qui n’ont pas bénéficié de l’action de l’état jusque-là. Par ailleurs, les bénéfices du BP sont plus que matériaux. Dans une ville où des quartiers entiers ont étés détruits pour faire place à des projets d’embellissement, même le plus petit projet peut conférer un degré de légitimité à une zone, et donner aux résidents leur « droit d’habiter là où ils habitent ».