Le 10 janvier 2014, j’ai assisté à un évènement fascinant, « Africa in 2014 : Prospects and Forecasts » (Afrique en 2014: perspectives et prévisions), organisé par le Royal African Society à Londres, Royaume-Uni. Le panel d’experts était composé par Patrick Smith, Rédacteur-en-Chef de Africa Confidential et Africa-Asia Confidential, Razia Khan, Directrice de Recherche Régionale Afrique, Standard Chartered Bank, Lanre Akinola, Rédacteur-en-Chef de This is Africa, et enfin Yemisi Mokuolu, Fondateur de Hatch Events.
Voici les 10 points que j’ai trouvés les plus instructifs.
1. Un vaccin contre le paludisme pourrait devenir une réalité. Mosquirix, développé par GlaxoSmithKline, est vanté comme étant le vaccin, pour enfants, contre le paludisme le plus efficace à ce jour. C’est en ciblant le parasite Plasmodium falciparum, qui est à l’origine des souches du paludisme les plus mortelles, que l’introduction de Mosquirix a le potentiel d’altérer considérablement le traitement de cette maladie en Afrique.
2. Les syndicats continuent à frapper à la porte des gouvernements. En 2013, plusieurs grèves publiques sur la base de disputes salariales ont secoué trois des économies les plus dynamiques de l’Afrique, à savoir le Kenya, le Ghana, et le Nigéria. Mais c’est en Afrique du Sud que la situation commence à devenir problématique. Le Syndicat national des ouvriers du métal, Numsa, le plus grand syndicat du pays, a officiellement retiré son soutien pour le parti au gouvernement, ANC, en vue des élections de 2014. Depuis, Numsa fait appel à sa fédération, Cosatu, la Confédération des syndicats sud-africains, à faire pareil.
3. Mais, est-ce un chant de cygnes pour les syndicats ? Les syndicats continueront à perdre de l’influence, sauf s’ils sont capables de livrer des bénéfices tangibles à leur membres. En Afrique du Sud, la plus grande partie de la création d’emploi s’est effectué dans les secteurs des services et informel, qui sont notoirement difficile à syndicaliser. Les relations froides entre l’ANC et les syndicats pourront devenir une aubaine pour le parti dominant de développer une position plus indépendante, sans être pris en otage par les « demandes des ouvriers ».
4. Plus de croissance et encore plus de croissance. Les risques et l’instabilité au Soudan du Sud, en République Centrafricaine ou au Mali ne devraient pas avoir d’impact sur les perspectives de croissance. Les perspectives économiques pour 2014 s’affichent positives avec des taux de croissance de 5,5 pourcent pour le continent. Pourquoi ? Les plus grandes économies, notamment Nigéria, Kenya, Ethiopie, Ghana et l’Angola, sont des moteurs de croissance. Dans l’année à venir, le pouvoir et l’influence de ces pays là seront encore plus ancrés.
5. Il y a plus de croissance que de ressources naturelles. La performance de l’Afrique en 2014 sera plus définie par la stabilisation de la demande, plutôt qu’une nouvelle hausse des prix des ressources naturelles clés. Les économies africaines n’ont pas tiré autant de profit des prix élevés des ressources naturelles que ce qui est communément supposé. Un regard plus détaillé sur des données économiques nationales relève l’importance du consommateur Africain en tant que moteur de croissance, avec certaines ressources naturelles ayant un rôle plus porteur que d’autres. Néanmoins, l’exploration des ressources naturelles continuera d’accélérer, et aura vraisemblablement un impact important sur la future trajectoire de la croissance économique du continent.
6. Nigéria est un microcosme du continent. Pendant la période 2004-2010, l’économie nigériane a connu une croissance de 7 pourcent par an. Durant la même période, les niveaux de pauvreté ont également vue une hausse de 6,5 pourcent. Le gouffre entre la petite minorité, bénéficiant de cette croissance, et les plus pauvres au sein de la société serait encore plus prononcé en 2014 – et non-seulement au Nigéria. La création d’emploi ne se fait pas à un niveau satisfaisante pour réduire le taux de pauvreté. Donc, il y a un besoin urgent de séparer le narratif de l’investissement des réalités en terme de développement.
7. L’intégration régionale est essentielle, mais pas inévitable. La plupart des économies en Afrique sont trop petites pour attirer les investissements dont ils ont tant besoin par eux-mêmes. Elargir les marchés en intégrant des politiques et procédures économiques avec ceux des pays voisins est la seule espoir pragmatique pour une croissance durable dans le temps. Bien que la Communauté de l’Afrique de l’Est est sans doute le meilleur exemple de ce qui pourrait être obtenu grâce à l’intégration régionale, la vitesse de ces développements sur le continent restent lents.
8. La Chine n’est pas le seul acteur. Nouveaux partenaires continueront à prendre des pas de plus en plus audacieux. En décembre 2013, la Turquie est devenu le soixante-huitième état-membre de la Banque Africaine de développement (BAD). Le même mois, la Banque national brésilienne pour le développement économique et social (BNDES) a intensifié ses activités sur le continent en ouvrant une nouvelle succursale Johannesburg, Afrique du Sud ; c’est seulement son troisième bureau à l’étranger après plus de la moitié d’un siècle d’activités.
9. Je vous présente les MINT (Méxique, Indonésie, Nigéria, Turquie). Jim O’Neill, l’économiste qui a inventé le néologisme BRICS, suggèreles MINT revendiquent leur qualifications économiques en 2014. Il indique qu’ils se démarquent des autres, car tous quatre ont connu une croissance démographique positive depuis au moins vingt ans, et ils possèdent un potentiel économique unique.
10. L’Afrique ne monte pas. L’Afrique change. C’est tout!
par Jonathan Bhalla, Directeur de recherche, Africa Research Institute
traduit par Olivier Milland
Lire l’original en anglais: 10 things [you need] to know about Africa in 2014